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L'Oiseau Livre

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28 décembre 2011

Les Pensées d'un Homme - Jean de Baulhoo

Les Pensées d'un Homme de Jean de Bauhloo, Edilivres, 81 pages, 12 €.

 

Quatrième de couverture: « Une lande pluvieuse, où la brume s'unit aux nuages, des arbres comme mâts et, dans cet univers horizontal, la silhouette mouvante d'un homme. » Jean de Baulhoo est un être énigmatique. Hors du siècle sûrement, hors du temps peut être. Il peut arriver de le croiser quand il partage ses sonnets avec le vent sur les landes abandonnées.

 


 

Critique: La quatrième de couverture de ce recueil de poèmes ne nous ment pas, quand elle nous parle à nous, lecteurs, d'un monde horizontal où évolue un homme hors de notre temps.

Dans Les Pensées d'un Homme, Jean de Baulhoo nous ouvre les portes d'un univers bien à lui, un peu hors du monde, hors des préoccupations actuelles, un peu plus tourné vers la nature, non pas ces paysages verdoyants, mais cette femme capricieuse que peut être la terre des origines, parfois vaporeuse, parfois grise et torturée. C'est dans ce monde presque parallèle que semble évoluer l'auteur : univers étonnant d'un homme qui jette un œil un peu hagard sur le monde qui l'entoure.

 

A mon sens, le recueil manque d'une certaine cohérence. Si certains poèmes s'enchaînent en suivant une logique perceptible, nombreux sont ceux qui se suivent mais ont trop peu de chose en commun, sans toutefois être suffisamment opposés pour que le lecteur puisse y trouver un sens. Le recueil aurait gagné à être plus qu'une juxtaposition de morceaux choisis. Le lecteur est un peu perdu dans cette suite de poèmes qui abordent différents thèmes sans progression réellement palpable.

 

Le rythme que l'on pourrait trouver à l'oeuvre serait peut-être celui d'une certaine maturité que l'auteur aurait gagné au fur et à mesure de l'ouvrage. Si les premiers poèmes me semblent manquer de recul, l'impression générale qui se dégage du recueil est celle d'une progression de l'auteur qui semble acquérir un certain recul par rapport à sa propre vision du monde. Peut-être l'organisation du recueil, si elle n'est pas ressentie à première vue, est-elle en fait chronologique, tout simplement.

 

A noter aussi la beauté de l'ouvrage : le livre est un bel objet, soigné. Le papier est de belle qualité, les pages sont épaisses et donnent un beau cachet à l'ensemble.

 

Un note: 2/5

 

 

Merci à l'auteur, aux Agents Littéraires et à Edilivre pour ce partenariat

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2 décembre 2011

Médecin, quand reviendras-tu? - Robert Escande

Médecin, quand reviendras-tu ? de Robert Escande, Editions Baudelaire, 216 pages, 14,50 €.

 

medecin-reviendras-couvl0842-img Synopsis: Vie et mœurs d'un médecin de campagne : dans cet ouvrage, Robert Escande nous raconte comment il s'est attaché à cette région montagneuse qu'est l'Ardèche, mais surtout comment il s'est lié d'amitié avec bien des gens sur place. Suite d'anecdotes qui tracent une vie, ce roman est un regard rétrospectif du médecin sur le chemin parcouru professionnellement et personnellement depuis lors.

 

Critique: Un roman aux couleurs très personnelles, témoignage des nombreuses expériences de vie que peut rencontrer un médecin généraliste. L'auteur trace ligne après ligne le portrait des gens qu'il a côtoyé pendant ses années en tant que médecin dans la vallée de St-Etienne-en-Montagne qu'il qualifie lui-même de « désert médical ». L'ouvrage est construit comme une suite d'anecdotes de vie, racontées par Robert Escande avec beaucoup d'humour et un certain recul concernant les événements. Il y dresse certes le tableau de sa patientèle mais dévoile aussi et surtout beaucoup de lui-même, de sa personnalité et de sa vie de famille. C'est avec une certaine honnêteté qu'il fait le point sur les bons souvenirs, les coups de chance, mais aussi sur les ratés de sa carrière, les moments où en tant que médecin, il a été confronté pourtant aux mêmes impératifs que tout un chacun : la pluie ou la neige qui rendent les routes pratiquement impraticables et qui le retardent auprès de ses patients, qui l'empêchent parfois d'arriver à temps.

 

Au delà de l'aventure humaine et du lien qui se forge nécessairement entre un médecin généraliste et son patient au bout de vingt années de soin, Robert Escande ouvre aussi une fenêtre qui permet à celui qui n'a pas côtoyé de médecin sur le plan privé, de prendre conscience de la difficulté d'un métier où les dimanches n'existent pas ou si peu. Malgré un emploi du temps chargé, des consultations qui n'en finissent pas, l'auteur semble trouver le temps de se souvenir de chaque patient.

Le livre d'un homme avant d'être un médecin, même si - force est de le constater - sa fonction a occupé et occupe toujours une place prépondérante dans sa vie, la preuve en est ce livre, puisqu'alors même que Robert Escande est censé ne plus être médecin, il a toujours la tête à ses patients.

 

Un bémol tout de même qui a son importance : la quatrième de couverture qui présente le livre comme le témoignage d'un homme brisé par le système médical français. A la fin de la lecture, l'impression qui reste du livre n'est pas celle-ci du tout. Certes, l'auteur n'est pas sans évoquer les dysfonctionnements de ce système, pourtant ces dysfonctionnements s'ils vous restent à l'esprit sur le plan de la réflexion sont bien loin de transformer ce roman en hymne à la révolte. La quatrième de couverture suggère un livre empreint d'amertume qu'on referme en « essay[ant] de se rassurer avec un : « Ca n'est pas près d'arriver en France ! ». » alors que l'idée de l'ouvrage me semble plutôt contenu dans l'une des dernières phrases du livre : « J'ai aimé ce lourd travail, mais ô combien gratifiant d'être là présent, dans les moments difficiles de la vie ».

 

Une note: 3/5

 

 

Je remercie les Agents Littéraires, les Editions Baudelaire et l'auteur pour ce partenariat.

1 décembre 2011

La Horde du Contrevent - Alain Damasio

La Horde du Contrevent. Alain Damasio, Folio Science-fiction, 700 pages. 9,90 euros.

 

41-tb1ZuUFLSynopsis: Dans un monde rectiligne dominé par les vents, la Horde, élite physique et spirutuelle, tente d'atteindre l'autre bout du monde, le but ultime qui permettra enfin de découvrir d'où vient le vent et, peut-être, comment le dompter. Ils ont été élevés depuis la plus tendre enfance dans l'unique but de faire face. Ils sont vingt-trois à avancer ensemble à pied, à traverser cette terre rongée par les vents pour savoir ce qu'il y a là bas, en Extrême-Amont.

 

Critique: J'ai lu ce livre sur les conseils d'un ami. Il me l'avais prêté en me disant que c'était son livre préféré. N'étant en général pas friande de science fiction, j'ai d'abord laissé ce livre un bon moment sur ma bibliothèque, puis sur ma table de nuit avant de m'y mettre vraiment.

Erreur! Ce livre est une merveille. C'est bien simple je ne sais pas par où commencer.

Le roman s'apparente selon moi plutôt à un récit ou à des récits: chaque paragraphe est narré par l'un des membre de la Horde. J'avais déjà lu beaucoup de livres dans lesquels les chapitres alternent le point de vue de différents personnages, mais la grande originalité de la Horde du Contrevent, c'est que chaque paragraphe est raconté à la première personne par l'un des vingt-trois personnages. L'effet de ce type de récit est très fort puisqu'il permet au lecteur de connaitre finalement chaque personnage personnellement alors même qu'ils sont nombreux, puisqu'effectivement dans la mesure où chacun parle à son tour, on a très vite en tant que lecteur cerné le caractère et la façon d'écrire de chacun.

La seconde particularité qui saute au yeux est intimement liée à la première. Pour désigner le personnage qui a la parole, Damasio n'a pas choisi de le nommer mais plutôt de lui attribuer un signe typographique qui représente sa fonction au sein de la Horde. Ainsi chaque paragraphe commence par un petit symbole qui représente un personnage bien particulier. Le lecteur est aiguillé par un marque page vendu avec le volume qui résume le nom, la fonction et le symbole typographique de chaque personnage (et heureusement parce que sinon c'était la migraine assurée). On se repère donc dans l'oeuvre grâce ces marques discrètes.

Au delà de la forme très particulière de ce roman, l'histoire m'a coupé le souffle. Le lecteur est plongé avec la Horde au coeur d'un voyage qui doit les mener au bout du monde, à l'Extrême-Amônt. Nul ne sait ce qui s'y trouve car nul n'est jamais arrivé jusque là et chacun des membres a conscience que ce voyage périlleux est l'oeuvre d'une vie. Suivre la Horde c'est donc aussi franchir les épreuves avec eux, avec chacun d'entre eux, malgré leurs différences et leurs divergences d'opinion. C'est voir comment les liens humains se font et se défont dans lajoie, dans la peur, dans l'espoire, dans l'épuisement ou dans la douleur.

C'est un livre magnifique, de ceux qu'on dévore d'une traite (même après avoir mis du temps à s'y mettre) mais qu'on regrette d'avoir fini car on se sent brusquement seul et comme amputé d'une partie de nous, sans nos compagnons de route après l'avoir refermé.

 

Une note: 5/5 sans hésiter.

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